Impayés : prévenir le risque et sécuriser le recouvrement (Guide 2025)
Les factures impayées fragilisent la trésorerie, font perdre du temps et peuvent détériorer la relation commerciale. Ce guide institutionnel présente les leviers juridiques et opérationnels pour prévenir les impayés, structurer vos relances et obtenir un titre exécutoire puis son exécution forcée avec l’appui d’un Commissaire de justice.À Paris et en Île-de-France, l’Étude Lieurade vous accompagne à chaque étape : constats, significations, recouvrement amiable et judiciaire, exécution judiciaire.1. Cartographier le risque client
La prévention commence avant toute prise de commande. Formalisez une procédure KYC (Know Your Customer) proportionnée à l’enjeu financier : identification (raison sociale, SIREN/SIRET, siège), bénéficiaires effectifs, historique de relation, incidents antérieurs. Croisez ces données avec le secteur, la saisonnalité et votre exposition totale par groupe.- Limites de crédit : fixez un plafond d’encours par client, révisé mensuellement. Bloquez automatiquement les nouvelles livraisons en cas de dépassement ou d’échéances impayées.
- Acomptes & paiements jalonnés : 30–40 % à la commande, puis au jalon de livraison et à la recette. Diminue l’exposition et accélère les encaissements.
- Garanties : caution personnelle/banque, garantie à première demande, nantissement (créances, matériel) selon les volumes et la criticité.
- Assurance-crédit & affacturage : utiles en croissance rapide ou secteurs volatils ; prévoient des plafonds de garantie et des obligations de déclaration.
2. Construire un cadre contractuel robuste
Vos CGV et contrats sont la première ligne de défense. Ils doivent être opposables et compréhensibles, avec des clauses adaptées à votre modèle économique. En B2B, les délais de paiement sont en principe de 30 jours à compter de la réception, sauf accord contractuel spécifique (jusqu’à 60 jours à compter de la date de facture ou 45 jours fin de mois). Indiquez clairement l’échéance et l’exigibilité des pénalités.2.1 Clauses essentielles à prévoir
- Pénalités de retard : au minimum 3 × le taux d’intérêt légal. Dans la pratique B2B, beaucoup retiennent « taux directeur BCE + 10 points ». Les pénalités courent dès le lendemain de l’échéance.
- Indemnité forfaitaire de recouvrement : 40 € due de plein droit dès le premier retard (affichez-la dans les CGV et sur la facture). Possibilité d’indemnisation complémentaire si les frais réels dépassent 40 €.
- Réserve de propriété (ventes de biens) : transfert au paiement complet ; mentionner l’identification des marchandises et les modalités de revendication.
- Déchéance du terme : en cas d’impayé, l’intégralité des échéances devient exigible.
- Suspension / résiliation : faculté de suspendre la prestation/livraison après mise en demeure restée infructueuse, ou de résilier le contrat.
- Clause de compétence : tribunal du siège du créancier (si B2B, à encadrer selon le droit applicable).
2.2 Opposabilité & traçabilité
Faites signer vos CGV ou, à défaut, assurez leur opposabilité (remise préalable, lien contractuel). Conservez la preuve du consentement : bon de commande signé, acceptation électronique horodatée, mentions de l’offre. En cas de litige, la force probante de la signification par Commissaire de justice est déterminante : voir Significations extrajudiciaires.3. Facturation & suivi : organisation et outils
Un impayé se prévient par une facturation maîtrisée et un pilotage des relances :- Factures conformes : mentions obligatoires, référence de la commande, livrables validés, échéance nette, pénalités & indemnité 40 € affichées.
- Rapprochement 3-voies : commande → livraison/prestation → facture ; validation interne « feu-vert » avant émission.
- Moyens de paiement : virement, prélèvement SEPA (mandat), carte, lien de paiement (Stripe/PayPal), virement instantané.
- Tableau de bord : DSO (Days Sales Outstanding), taux d’impayés, balance âgée, promesses de règlement, top 20 débiteurs.
- Automatisation : scénarios de rappels (e-mail/SMS/courrier) et workflows d’escalade.
4. Sécuriser la preuve : constats & éléments probants
En cas de litige (qualité, délais, non-conformité), la preuve conditionne la suite. Le constat de Commissaire de justice fournit une photographie objective et opposable de la situation (état des lieux, livraison, malfaçons, contenus numériques). Il est fortement recommandé :- avant réception de travaux/chantier (validation objective d’un jalon),
- en cas de refus de paiement pour non-conformité alléguée,
- pour préserver des preuves numériques (sites, plateformes, publications).
5. Relance amiable & mise en demeure
La relance amiable doit être graduée et tracée. Restez factuel, proposez une solution (échelonnement court) et fixez des échéances claires. Exemple de séquence :- J à J+7 – rappel cordial (e-mail + téléphone), lien de paiement, rappel des pénalités & indemnité.
- J+15 – relance ferme, proposition d’un échéancier écrit (2–3 mensualités maximum).
- J+30/J+45 – mise en demeure par lettre recommandée ou signification par Commissaire de justice (plus forte portée). Délai final de paiement et annonce de la procédure.
6. Injonction de payer : une procédure rapide et efficace
L’injonction de payer est une procédure simplifiée, écrite et non contradictoire au départ, destinée aux créances contractuelles certaines, liquides et exigibles. Elle permet d’obtenir rapidement une ordonnance portant injonction de payer sans audience initiale.6.1 Conditions & pièces à fournir
- Contrat/CGV opposables, facture(s), bon(s) de livraison ou PV de réception, relances et mise en demeure.
- Créance exigible (échéance atteinte) et non sérieusement contestable.
6.2 Déroulement
- Dépôt de la requête (par le créancier ou via son Conseil).
- Examen par le juge : ordonnance (totale/partielle/rejet).
- En cas d’ordonnance favorable : signification par Commissaire de justice au débiteur (délai impératif).
- Opposition possible du débiteur (débat contradictoire) ; à défaut, l’ordonnance est revêtue de la formule exécutoire.
7. Exécution forcée : obtenir le paiement
Munis d’un titre exécutoire (ordonnance d’injonction revêtue, jugement, acte notarié), les Commissaires de justice disposent de moyens d’exécution :- Saisie-attribution sur comptes bancaires (blocage des fonds présents ou à venir dans la limite de la créance).
- Saisie des rémunérations (dans les limites légales).
- Saisie-vente de biens meubles corporels (véhicules, matériels, stocks).
- Mesures conservatoires en urgence (avant jugement, sous conditions) pour préserver la solvabilité.
8. Cas particuliers
8.1 B2B vs B2C
En B2B, les délais de paiement et pénalités obéissent à des règles spécifiques (échéances, indemnité 40 €). Les clauses contractuelles sont plus libres, sous réserve de déséquilibre significatif. En B2C, la protection du consommateur impose davantage d’obligations d’information, de clarté et de preuve (droit de rétractation, conformité, garanties légales). Ajustez vos CGV selon la cible.8.2 Procédures collectives
En cas de redressement ou liquidation judiciaire, la créance antérieure au jugement d’ouverture est en principe gelée. Déclarez la créance dans les délais et examinez la possibilité de revendication (CRP) si vos biens sont identifiables chez le débiteur. Les actes d’exécution sont encadrés et nécessitent l’appui d’un Commissaire de justice.8.3 E-commerce & numérique
Soignez la preuve : parcours de commande, validation des CGV, horodatage, logs serveurs, captures et constats numériques. En cas de contestation (« non reçu », « non conforme »), une documentation solide accélère le recouvrement.9. Checklist opérationnelle (prévention & action)
- Avant l’accord : KYC, plafond de crédit, jalons de paiement, CRP (si biens), garanties adaptées.
- Contrats/CGV : délais (30/45 FM/60 j), pénalités, indemnité 40 €, déchéance du terme, suspension, compétence.
- Facturation : mentions obligatoires, échéance claire, preuve de livraison/réception, moyens de paiement variés.
- Relances : J-3, J, J+7, J+15, J+30 (mise en demeure). Traçabilité des échanges.
- Preuves : constats, bons signés, courriels, LRAR, journaux d’événements. Dossier prêt pour le juge.
- Judiciaire : injonction de payer, puis exécution forcée (saisies) avec l’Étude Lieurade.
FAQ – Gestion et prévention des impayés
Que faire en cas de facture impayée malgré plusieurs relances ?
Si vos relances amiables restent sans réponse, la première étape consiste à adresser une mise en demeure de payer par un Commissaire de justice.
Cet acte donne une valeur juridique à votre demande et interrompt la prescription.
Découvrez comment signifier une mise en demeure officielle.
Combien de temps faut-il pour obtenir le paiement d’un impayé ?
Tout dépend de la situation. En recouvrement amiable, un paiement peut intervenir sous 7 à 15 jours après intervention de l’Étude.
En cas de procédure judiciaire, la durée varie selon la juridiction et le montant dû.
Consultez nos procédures de recouvrement amiable et judiciaire.
Quelles preuves conserver pour engager un recouvrement ?
Conservez toujours le contrat signé, les factures émises, les bons de commande et toute trace d’échanges (emails, devis, relances).
Ces éléments seront indispensables pour établir la créance et justifier votre demande devant le juge si nécessaire.
Nos constats sécurisent vos preuves et échanges commerciaux.
Quelle est la différence entre recouvrement amiable et judiciaire ?
Le recouvrement amiable repose sur des démarches de négociation et de relance sans intervention du juge.
Le recouvrement judiciaire intervient en cas d’échec de l’amiable et nécessite une ordonnance d’injonction de payer ou un jugement.
L’Étude Lieurade intervient à chaque étape, jusqu’à l’exécution forcée.
En savoir plus sur nos interventions en exécution judiciaire.
Un Commissaire de justice peut-il agir à l’étranger ?
Oui, sous certaines conditions. L’Étude Lieurade collabore avec un réseau de partenaires européens pour le recouvrement transfrontalier.
Les actes sont notifiés via le règlement (UE) 2020/1784 sur la signification internationale des actes judiciaires.
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